Le territoire du rien
Le territoire du rien
Ou la
contre-révolution patrimonialiste
Jean-Paul
Dolle
Ed Léo Scheer, Lignes, 2005
Notre époque est celle de la
domination marchande sur le monde entier. Plutôt que le "
nouvel ordre mondial " que prophétisaient certains, c'est
un état de guerre permanent que nous subissons, tout entier
régi par la production-reproduction des marchandises, dont
l'obtention est censée procurer " plus de jouir ",
mais dont la consommation répétée ne procure
qu'insatisfaction et violence. Notre temps est celui d'une course
perpétuelle vers un nouveau toujours rattrapé par un
présent qui s'efface au moment même où il se
présente. Notre espace est celui d'une urbanisation
généralisée qui gomme peu à peu les
traces d'urbanité que la succession des générations
de citadins y avait déposées. Il n'offre comme perspective que le
choix entre la muséification des " villes historiques "
et l'extension des zones désignées par antiphrase "
villes diffuses ", anti-villes fabriquées plutôt
que construites. Face à cet espace-temps du nihilisme, il est
urgent d'inventer une politique de l'événement,
c'est-à-dire d'affirmer un désir d'agir avec les autres
pour ouvrir le champ du possible et interrompre la répétition
immuable du temps de la servitude.
Philosophe, essayiste et romancier,
Jean-Paul Dollé est professeur à l'Ecole d'architecture
de Paris-La Villette. Il a notamment publié : le Désir
de révolution (1970) ; l'Insoumis, vies et légendes de
Pierre Soldmen (1995) : L'Ordinaire n'existait plus (Léo
Scheer, 2002) et plusieurs ouvrages aux Editions Grasset.