Le retour à la rue
La rue, village ou décor ?
Enquêtes sociologiques sur deux rues de Belleville
Éric Charmes
Ed Créaphis, 2007
"Ma rue, c’est un village ", entend-on souvent dire.
Pourtant, si dans l’après-guerre on pouvait encore avec à-propos
qualifier certains quartiers populaires de " villages urbains ", la
référence au village semble aujourd’hui n’être qu’un fantasme. Dans les
faubourgs populaires récemment embourgeoisés, les nombreux " bobos "
nouveaux venus sont ceux qui invoquent le plus la vie villageoise alors
même qu’ils passent très peu de temps dans leur rue, pour eux simple
décor dont la valeur se mesure à la présente d’immeubles de guingois,
de cafés vieillots et de personnages hauts en couleur. L’auteur
s’interroge sur la persistance de cette référence à la vie villageoise
et sur l’importance attribuée à la rue pour la vie de quartier. Le "
retour à la rue " est un mouvement né à la fin des années 1950 en
réaction à un urbanisme que l’on dit toujours " moderne " et que l’on a
accusé de stériliser les villes. Opposée à des grands ensembles réputés
froids et inhumains, la rue s’est trouvée incarner l’urbanité.
aujourd’hui, un demi-siècle après les premières contestations de
l’urbanisme moderne, il apparaît que, si la rue a bel et bien triomphé,
sa victoire n’a pas pris la forme attendue.
Eric Charmes est chercheur et maître de conférences à l’Institut français d’Urbanisme, Université Paris VIII. Il est membre du laboratoire " Théorie des mutations urbaines " (UMR Architecture Urbanisme et Société). Il a notamment publié La vie périurbaine face à la menace des Gated Communities, L’Harmattan, 2005.