La pensée s'arrête juste avant nous, nous on est en dessous
Basses Oeuvres
Une ethnologie du travail dans les égouts
De Agnès Jeanjean
Préface Colette Pétonnet
Ed Comité des travaux historiques et scientifiques - CTHS, 2006
Coll Le regard de l'ethnologue
Dans la plupart des villes françaises, les eaux usées et les excréments
humains sont refoulés dans les sous-sols. Éloignés des corps, ils
glissent dans l'obscurité des égouts. Cependant, des hommes manipulent
ces matières, les voient et en respirent les odeurs parce que leur
activité professionnelle les y conduit. Qu'ils travaillent sur le
réseau public ou privé, qu'ils circulent en ville ou demeurent huit
heures par jour au fond d'un égout ou dans l'enceinte d'une station
d'épuration, les hommes qui font l'objet de ce livre sont tous en
contact physique avec ces substances pestilentielles que la plupart des
citadins ne touchent, ni ne pensent. Des substances autour desquelles
se développent des fantasmes. Basses Œuvres montre que l'étude des
égouts n'a rien d'anecdotique et qu'à la question de l'évacuation des
eaux usées d'une ville se joignent des dimensions symboliques,
anthropologiques et politiques. Six univers de travail situés à
Montpellier sont tour à tour présentés. Il s'agit dès lors de prêter
attention aux conditions de travail, aux techniques et savoir-faire de
même qu'au sens que les travailleurs donnent à ce qu'ils font mais
aussi à ce qu'ils sont. Situation qu'un égoutier exprime ainsi : La
pensée s'arrête juste avant nous, nous on est en dessous . Cette mise
en perspective conduit à l'analyse de toute une série de mécanismes
sociaux qui articulent positions sociales et souillure.
Agnès Jeanjean est
maître de conférences en ethnologie à l'université de
Nice-Sophia-Antipolis. Ses recherches s'inscrivent à la croisée de
l'ethnologie urbaine et ethnologie du travail.