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leblogdelaville
28 septembre 2007

Zéropolis

begout_zeropolisZéropolis
L'Expérience de Las Vegas
Bruce Bégout
Ré-éd, Allia 2007
Dans cette manière de représentation mobile du désert urbain que constituent les piles de livres de vos libraires, il arrive que se glisse discrètement trop discrètement, une perle rare et précieuse. Zéropolis, mince essai relevant tout à la fois de la philo, de la socio et du road-movie littéraire, propose une dérive mentale et sensitive autour de la ville de tous les simulacres, Las Vegas. Au fond, c’est un peu comme si le Descartes des Méditations métaphysiques, après avoir lu Hunter S. Thompson ou Nick Tosches, avait décidé de louer un pick-up pour aller ausculter la ville-champignon par lui-même, soupçonnant que celle-ci devait être l’archétype de la cité occidentale et par la même occasion, des utopies bâtardes nées sur les tas de neurones cramés des sixties et du psychédélisme.
Décryptant le show non-stop (Vegas ne dort jamais), Bruce Bégout traque donc les principes moteurs de la fun-culture des années 00. Voyant au travers de cette déréalisation permanente, tout à la fois un reflet de la place centrale qu’accorde l’occident au ludisme et à son pendant obscure, la sécurité (systèmes de surveillance omniscients, Gated communities…). Pour autant, Bruce Bégout, phénoménologue averti, n’oublie jamais d’ancrer sa réflexion dans une expérience. D’être partie prenante et d’évoquer l’envoûtement vegassien, c’est-à-dire ce moment inévitable où le jugement se suspend, court-circuité, happé dans une partie de flipper géante, au cours de laquelle le voyageur-philosophe est transformé en bille folle allant heurter de façon chaotique enseignes lumineuses et multicolores du Strip, comme autant de vignettes. Autrement dit, outre sa merveilleuse «transversalité», l’auteur a cet extrême bon goût de ne jamais perdre de vue qu’on ne juge pas une pareille ville, on se la prend d’abord dans la gueule. D’où l’intérêt total, intellectuel et littéraire, de cet opus. --Stéphane Malterre    
Las Vegas n'est rien d'autre que notre horizon urbain. Ce qui s'est mis en place au coeur du désert de Mojave, la surpuissance de l'entertainment qui dicte le cours de la vie, l'organisation de la ville en fonction des galeries marchandes et des parcs d'attractions, l'animation permanente qui règne jour et nuit dans les rues et les allées couvertes, l'architecture thématique qui mélange séduction commerciale et imaginaire enfantin, la soumission suave des citadins par un opium spectaculaire et télévisuel, nous connaissons déjà tout cela et allons être amenés à le vivre de manière plus habituelle encore. Nous sommes tous des habitants de Las Vegas, à quelque distance que nous nous trouvions du sud du Nevada.

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