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leblogdelaville
11 juillet 2011

AGRANDIR LA VILLE

http://sfhu.hypotheses.org/files/2011/02/cropped-DSC00504.jpg


Agrandir la ville :

Prévoir, administrer et organiser la croissance urbaine


Journées de la SFHU Lyon, 20 et 21 janvier 2012, au Musée Gadagne 


Créée en 1998, la Société Française d'Histoire Urbaine regroupe les chercheurs, quelle que soit leur appartenance disciplinaire, leur ancrage chronologique ou géographique, qui abordent le fait urbain dans son historicité. Elle publie depuis 2000 la revue Histoire Urbaine.


Depuis l’Antiquité, les administrateurs urbains et les pouvoirs centraux ont eu à gérer la croissance démographique et spatiale des villes. Pour les prochaines journées de la SFHU, à l’occasion du centenaire de la création par la municipalité lyonnaise d’une Commission du plan d’extension, qui fut un des premiers actes de l’ urbanisme du XXe siècle, nous nous intéresserons aux façons dont l’agrandissement urbain a pu être prévu, affronté et administré. En effet, si le XXe siècle a été marqué par des tentatives de résoudre la crise des villes tentaculaires issues de la Révolution industrielle ou du sprawl suburbain dans les pays anglo-saxons, l’enjeu de l’extension urbaine a beaucoup évolué au fil des siècles, liant rapports sociaux, politiques urbaines et organisation du territoire (B. Lepetit).


Les autorités civiques ou monarchiques de l’Antiquité ont pu être confrontées, déjà, à des phénomènes de croissance spectaculaires, avec des agglomérations regroupant jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’habitants, donnant parfois à l’observateur l’impression d’une ville qui se prolonge à l’infini (Denys d’Halicarnasse, à propos de Rome). Alors que les données textuelles nous renseignent finalement assez peu sur les fondements théoriques, juridiques ou administratifs et les modalités et les limites de l’intervention des pouvoirs publics, l’apport de l’enquête archéologique peut se révéler décisif pour aider à la reconstitution des pratiques, des enjeux et des effets des tentatives d’accompagnement ou d’encadrement de la croissance spatiale des villes.


Après une période de désurbanisation qui s’accompagne, dans certains cas, d’une suburbanisation et d’une périurbanisation, l’Europe occidentale tout entière connaît entre le XIe et le début du XIVe siècle une croissance urbaine spectaculaire. Celle-ci se produit par étapes successives et adopte des formes très variées dont les schémas directeurs primitifs s’obscurcissent au cours du temps mais peuvent se réduire à trois types généraux : un concentrique, un bipolaire et un autre polynucléaire. Des bourgs, pas toujours marchands, et quelquefois planifiés comme, par exemple, les locationes de l’Europe centrale et orientale, se développent extra-muros. Dans la majorité des cas, ils vont être progressivement intégrés à la cité par la construction d’une muraille commune. Les autorités urbaines, au nom du bien commun, vont administrer, protéger, contrôler et ponctionner leurs habitants comme le reste de la population de la ville.


L’époque moderne est celle d’un urbanisme frôleur (E. Le Roy Ladurie) qui travaille aux marges du centre ancien, qu’il s’agisse de créer de nouvelles places, d’aérer la ville par des percées ou de détruire les remparts qui enserraient le noyau médiéval, en liaison avec de nouveaux besoins (santé, confort…) et de nouvelles conceptions de la ville, élogieuses (la ville, multiplicateur économique) ou critiques (la ville lieu du gaspillage, du désordre et du vice). En dépit des pesanteurs du passé, l’extension du bâti modifie la configuration d’ensemble, que ce soit d’un point de vue urbain, social ou économique. Trois notions phares semblent commander les mutations urbaines, tant matérielles que conceptuelles : l’urbanité, la rationalité, la fonctionnalité (J.-Cl. Perrot).


Mais de multiples instances administratives interviennent dans le contrôle de l’espace bâti : bureau des finances, parlement, municipalité, conseil du roi… Elles se superposent, se chevauchent, s’entremêlent et surtout entretiennent d’incessantes rivalités. Comment interpréter cette confusion apparente qui contraste avec les discours sur la ville fonctionnelle, et la progression rationnelle dans les aménagements ? Les changements de la forme urbaine (réalisations de prestige, plans d’alignement des rues, nouveaux quartiers, développement des faubourgs…) ne vont pas de soi ; l’aspect spectaculaire des affrontements entre municipalité et pouvoir royal ne doit pas faire oublier que la gestion quotidienne de l’espace urbain engendre elle aussi des tensions, les particuliers considérant le réseau viaire davantage comme une annexe de leurs propres habitations que relevant du domaine public. De multiples réaménagements individuels, disséminés dans l’espace, désordonnés dans le temps, modifient en permanence le bâti urbain (L. Teisseyre-Sallmann).


Enfin, l’industrialisation amène de nouveaux défis : comment gérer des faubourgs perçus comme dangereux, sur le plan sanitaire, civique et politique, comment adapter les structures existantes, telles l’octroi et la police municipale ? L’agrandissement de la ville a pu donner lieu, en Europe, à diverses formules administratives : l’annexion, souvent pratiquée en Allemagne dès la fin du XIXe siècle ; l’intercommunalité et la mise en commun de certains services édilitaires ; la planification d’opérations de grande envergure par un pouvoir fort, en particulier durant les Trente Glorieuses.


À l’heure où les villes occidentales cherchent à se densifier dans le cadre des politiques de développement urbain durable, mais où certaines doivent affronter des phénomènes de rétrécissement – à l’image de Detroit -, on confrontera ce panorama historique à un point de vue actuel sur les agrandissements spectaculaires des mégapoles des pays émergents, de Mexico à Lagos, du Caire à Mumbai.


Texte de Natacha Coquery, Stéphane Frioux, Jean-Pierre Guilhembet, Denis Menjot


SOURCE SFHU


 

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