L'ère du temps
Dans les plis sinueux des vieilles capitales,
Où tout, même l’horreur, tourne aux enchantements,
Je guette, obéissant à mes humeurs fatales,
Des êtres singuliers, décrépits et charmants
Charles Baudelaire « Les petites vieilles ».
une rue au coeur d’une ville de rêve,
Ce sera comme quand on a déjà vécu:
Un instant à la fois très vague et très aigu...
O ce soleil parmi la brume qui se lève!
Paul Verlaine, « Kaléidoscope »
Dans
les rues de la ville, il y a mon amour. Peu importe où il va dans le
temps divisé. Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se
souvient plus ; qui au juste l’aima ?
René Char « Allégeance ».
Je pourrais continuer ainsi à réciter ou à inventer des vers qui tous commenceraient par : Dans les rues de la ville... C’est un refrain, une antienne, une scie déjà par où la poésie moderne se plaît à afficher sa sulfureuse, ambigüe et coupable liaison — au sens propre contre nature — avec le corps et l’imaginaire urbains...