Modernité corporelle

Le corps, objet bioculturel

Gilles Boëtsch

Comme objet de savoir, le corps humain a connu des cheminements contrastés. Si très tôt, les artistes ont fait du corps humain un objet de sensibilité et d’émotion par l’esthétisme, il a par contre été exclu du savoir scientifique occidental durant de long siècle par la théologie. A partir du XVIe siècle, le corps humain a d’abord été un objet de la médecine et de l’anatomie. Ce n’est que finalement depuis quelques décennies que les sciences humaines l’ont construit comme objet de recherche. Les causes en sont multiples (abandon du salut de l’âme en occident, longévité, nouveaux modes de vie, art du paraître….) et ont généré de nouvelles pratiques corporelles (alimentation, exercices physiques, soins du corps). La modernité corporelle passe par un changement de statut entre l’être et l’avoir mais aussi entre des lectures renouvelées de la biologie et de la culture des états corporels. Le corps post-moderne, celui de demain, se construira dans de nouvelles perspectives biotechnologiques pour réduire au maximum l’influence des facteurs biologiques (pathologiques ou de dégénérescence) sur le moi associant entretien et soin corporels, chirurgie, nouvelles technologies avec hybridation entre matière animée et inerte. Un corps en perpétuelle construction pour répondre aux normes esthétiques de demain.

Monsieur Gilles BOËTSCH , directeur de recherche , CNRS , Directeur du laboratoire Anthropologie : Adaptabilité biologique et culturelle (CNRS, Université de la Méditerranée), Directeur du GDR 2322 du CNRS, Anthropologie des représentations du corps.

SALON EUROPEEN
DE LA RECHERCHE & DE L'INNOVATION
Jeudi 07/06/2007
De 15h00 à 15h45