Jeunesse libérale

La question humaine
film de Nicolas Klotz, 2007, 2h24
Avec Mathieu Amalric, Michael Lonsdale, Jean-Pierre Kalfon
On ne voit pas souvent des films aussi puissants, qui remuent votre conscience et dont la polysémie échappe aux lectures simplistes. Comment définir un tel objet ? La question humaine commence par le récit d’un psychologue, Simon, au service des ressources humaines d’une multinationale. Parallèlement à cet aspect polar, on assiste un portrait de la jeunesse libérale contemporaine. A l’ambiance feutrée de l’entreprise s’oppose le monde pulsionnel de la nuit. En  avançant dans son enquête, Simon va rencontrer les fantômes de l’Histoire, et particulièrement une note technique rédigée par des ingénieurs nazis. Ce document fissure la carapace de Simon et le renvoie à l’inhumanité de son propre travail.
On touche là au point le plus central du film : les échos qu’il fait résonner entre le nazisme et le libéralisme. Disons juste ici que Klotz et son film s’attachent plus simplement à en pointer les ressemblances paradigmatiques et la consanguinité historique. Mais La Question humaine reste un film plutôt qu’un essai, qui utilise toutes les ressources de l’indicible et reste avant tout un superbe cauchemar éveillé. Serge Kaganski-Les inrocks-11.09.07
La Question humaine : psychanalyse de l'économie libérale-Le Monde 11.09.07