Accident poétique
Scènes de rue
Helen Levitt a commencé à photographier dans les années 1930 à New
York, la ville qu’elle aime par-dessus tout. Mais elle choisit ses
quartiers : Brooklyn, Harlem, Lower East Side, là où s’étale la misère
sociale. Son regard n’est pas dénonciateur.
Elle observe sans parti pris, sensible à une certaine poésie urbaine et
surtout aux gens qui fourmillent un peu partout,
animent les rues de leur présence et plus particulièrement les enfants
avec leurs jeux, leur énergie. Le décor est installé définitivement.
Helen Levitt n’en changera pas, fidèle à elle-même et à la société
qu’elle montre avec tendresse. Ses influences ? On les trouve du côté
d’Atget, Cocteau, Walker Evans et Cartier-Bresson qu’elle admire. « Un
génie », dit-elle, après avoir vu son reportage sur le Mexique. Comme
bon nombre de photographes, elle privilégie le noir et blanc jusqu’au
début des années 1970 où elle s’intéresse à la couleur, pas dans un
souci esthétique, mais toujours au service
du climat, de l’atmosphère. À propos des photos d’Helen Levitt, un
critique a parlé d’« accident poétique ». Remarque judicieuse tant elle est dans la fragilité de l’instant. Jean Louis Pinte- FigaroScope-19.09.07
Fondation Henri Cartier-Bresson-Du 12 septembre au 23 décembre 2007-2, Impasse Lebouis, 75014 Paris