Dominique Gauthey
Carré de Soie-2008 © Dominique Gauthey
CARRE
DE SOIE
Dominique
Gauthey
Fragments
et rassemblement
Si l’attrait d’un paysage tient à la disposition de ses éléments à
travers l’espace, un territoire se perçoit au travers de relations, le
plus souvent invisibles mais aussi construites.
Loin d’être déjà un paysage urbain, organisé pour satisfaire au goût du
moment, le Carré de soie relève aujourd’hui, au premier abord, d’une
forme juxtaposition de lieux défaits et d’activités en friches, plutôt
que d’une composition parfaitement réglée.
En libérant l’espace, en évidant le lieu de son histoire, la démolition
progressive de l’usine des Textiles Artificiels du Sud Est (TASE)
semble toutefois faire (ré)apparaître la scission latente d’un site
partagé entre sa partie naturelle et paysagère (le canal de déviation
du Rhône) et son versant construit (la cité ouvrière autrefois attachée
à l’activité de l’usine). Et, dans le même temps, alors que les
premiers bâtiments du futur pôle commercial sortent de terre, des
équivalences, visuelles, formelles, opèrent entre la ruine et le
chantier.
Entre histoire et projet. Et ce, alors qu’après plusieurs
décennies d’appropriation de l’espace par ses habitants, la complexité
visuelle de la Cité Tase contraste maintenant avec les étendues vides
désormais observables partout aux alentours.
Entre parcours et
exploration des lieux, comme entre analyse factuelle et reconstruction
poétique, ce sont ces relations, ces rapports qui ne sauraient être des
oppositions, que le montage de photographies, conçu comme la mise en
forme d’une expérience subjective, peut révéler, sinon faire advenir.
Prémisse possible d’un projet artistique dépassant la seule description
ponctuelle d’un site, la projection du 21 janvier pourra aussi être le
support, autant que l’objet, du débat public quant à l’avenir de ce
territoire. Dominique Gauthey-Notesdumoment