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leblogdelaville
23 décembre 2009

URBANISME VEGETAL

9782742785797Des arbres dans la ville
L'urbanisme végétal

Caroline MOLLIE
Préface de Pierre Lieutaghi
Coéd Actes Sud/Val'hor, réédition augmentée, 2009


L’arbre n’est pas citadin depuis toujours. Longtemps, les villes en étaient dépourvues ou s’en tenaient à l’arbre unique des places. Quand Sully ordonne la plantation d’ormes dans les villages et le long des grands chemins, c’est d’abord parce que leur bois est indispensable aux charrons et aux arsenaux. La République se fera la principale propagatrice de l’arbre urbain et d’alignement. Il en résulte un patrimoine vivant qui, s’il n’est pas toujours perçu comme tel, accorde nos regards aux saisons, accompagne nos rêveries d’un assentiment tranquille, apaise, émeut sans qu’on sache forcément pourquoi.


Et pourtant, l’arbre des villes n’a pas encore trouvé de statut bien défini. Est-il une extension du mobilier urbain, un élément de décor désormais reconnu comme indispensable ? Représente-t-il l’avènement de la nature dans la ville, attestant quelque souci d’intégration de l’une à l’autre ? L’arbre, en ville, atteste déjà les capacités exceptionnelles de la flore à l’adaptation dans des milieux a priori défavorables. À la différence des plantes qui sont en passe de convertir la ville en vitrine de jardinerie, les grands ligneux doivent se perpétuer durant des décennies en des conditions de croissance très éloignées de celles de l’habitat d’origine.


Qu’y a-t-il de moins naturel qu’un trottoir? Qu’en est-il de la respiration des feuilles dans une atmosphère aussi peu forestière que celle d’un boulevard ? Et pense-t-on à ce que les Temps Modernes ont choisi d’ignorer : l’inverse de l’arbre visible, le domaine des racines qui, en ville, explorent un sous-sol douteux ? Caroline Mollie en sait beaucoup sur l’arbre urbain, qu’elle a longtemps côtoyé durant sa carrière d’architecte-paysagiste. Son ouvrage, soutenu par une illustration aussi pertinente que superbe, où le passé fournit de nombreux repères, décrit, explique, compare les divers emplois des grands ligneux dans les multiples variantes de l’espace citadin.


Mais ce traité d’urbanisme végétal en forme de manuel par l’exemple est aussi une célébration de l’arbre lui-même, une invite pressante à lui donner plus que de l’attention : le respect dû au vivant qui nous accompagne au fil des saisons. Au début du IIIe millénaire, l’arbre ne peut plus être circonscrit aux fonctions visibles qu’on lui octroyait il y a encore peu d’années : fournir du bois, de l’ombre, des signes pour les regards, nous servir ou nous plaire. Celui des forêts comme celui des villes sont devenus des acteurs indispensables au jeu complexe, désormais incertain, de la biosphère.


La contribution de Caroline Mollie à un urbanisme végétal où l’être précède l’image, où l’attention sensible et rigoureuse au présent implique une préparation d’avenir, s’inscrit dans une perspective unificatrice désormais nécessaire. Nos sociétés, idéalisant trop souvent encore une nature détentrice de tous les pouvoirs pensent encore la ville comme son inverse, l’une signifiant bien-être, loisir et liberté, l’autre contrainte incontournable, au mieux susceptible d’aménagements.


Caroline Mollie, décrivant le présent de l’arbre dans la ville, les meilleures façons d’en préparer les conséquences et les transformations, fait rêver d’un temps où l’équilibre de la nature sera compris comme une harmonisation globale du territoire des hommes. Rêver, mais aussi inciter à travailler à cet avènement dans une contradiction vécue comme fertile.


des arbres dans la ville des arbres dans la ville

Nice, avenue Malausséna, 1984 et 2009...

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