Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
leblogdelaville
18 novembre 2006

Enchantement et désenchantement

Benjamin, passager de Paris

Au cours du bref séjour qu'il effectue à Paris en 1913, Walter Benjamin, saisi par un sentiment d'harmonie avec le paysage urbain, découvre l'art de la flânerie.
"... Que découvre-t-il, notamment grâce à son ami Franz Hessel qui devient son guide en flânerie ? L'art de s'égarer dans le paysage urbain... Celui-ci acquiert alors quelque chose de bizarre et mobilise, éveille, aiguise l'observation. A qui s'égare, les signes de la ville, ses rues, ses immeubles, ses passants, demeurent parfaitement lisibles tout en se faisant mystérieux. Ce qui permet de développer des défenses contre les dangers et les terreurs. Celui qui s'est formé à l'art de s'égarer, se vaccine, au fond, contre deux comportements extrêmes : l'apologie de la cité tentaculaire, pour reprendre une image de Verhaeren, ou son rejet anachronique...
...il se propose de mettre au jour la place de la "fantasmagorie" dans les processus culturels à l'époque du capitalisme industriel. Dans la notion de "fantasmagorie", qu'il tire des études de Marx sur le fétichisme de la marchandise, il voit l'effet magique dont finissent par être recouverts les rapports économiques et sociaux. Il faut lever ce voile et regarder. Pour constater quoi ? Que les "passages", par exemple, sont nés de faits économiques irréfutables qui ont commandé leur mode de construction et leur fonction : l'utilisation d'une nouvelle architecture métallique et l'expansion du commerce des textiles.
Mais si la "fantasmagorie" en action produit un "enchantement", le "désenchantement" est susceptible également d'avoir lieu, et Paris le montre bien : "Cet éclat cependant, écrit Benjamin, et cette splendeur dont s'entoure la société productrice de marchandises, et le sentiment illusoire de sa sécurité ne sont pas à l'abri des menaces; l'écroulement du Second Empire et la Commune de Paris le lui remettent en mémoire. "
...Ville dans laquelle un capitalisme chargé de rêve a pu se développer, ville de fantasmagories où la réalité s'affuble des atours de l'opérette d'Offenbach. Et puis ville d'insurrections, celles de 1789, de 1830, de 1848,
de 1871, qui forment une longue chaîne de ruptures avec l'illusion..."
Par Gudrun Klat
Magazine littéraire n° 273 /Janvier 1990
A propos de Paris capitale du XIXe siècle, le Livre des Passages
Walter Benjamin. Traduit par Jean Lacoste. Ed. du Cerf
In magazine littéraire n° 273 - Janvier 1990

Publicité
Publicité
Commentaires
leblogdelaville
Publicité
Derniers commentaires
Publicité