L'ambivalence des passages
Paris, capitale
du XIXe siècle
Le livre des passages
Walter Benjamin
Ed du Cerf
Traduit de l'allemand par Jean Lacoste d'après
l'édition originale établie par Rolf Tiedemann – Ouvrage publié avec le
concours de Inter Nationes, du Centre national des Lettres, de la Ville
de Paris, de la Société Actimo, de l'Association pour la communication
des Savoirs –3e édition Paru en : 1989
[1997 ... 2006]
Conçu tout d'abord, entre 1927 et
1929, comme une « féerie dialectique »
proche, par l'inspiration, des déambulations surréalistes
de Breton et surtout d'Aragon, le projet d'essai sur les passages
parisiens changea de nature lorsque Walter Benjamin le reprit en
1934. C'était désormais à un livre que
travaillait l'exilé allemand réfugié sous
l'architecture de fer de la Bibliothèque nationale, à
une œuvre qui devait être non seulement une « histoire
sociale de Paris au XIXe siècle », comme
l'annonçait l'Institut de recherche sociale d'Adorno et
d'Horkheimer, mais une tentative d'interprétation globale du
XIXe siècle et de son équivoque modernité.
« Chaque époque rêve la suivante »
disait Michelet. Benjamin nous offre, pour déchiffrer les
figures équivoques du rêve propre au XIXe siècle,
des catégories aussi originales que fécondes qu'il
appartient au lecteur d'associer et de combiner : l'ennui,
l'oisiveté, la construction en fer, les expositions
universelles, la mode, le collectionneur, l'intérieur, le
miroir, le joueur, les passages, etc. Elles lui permettent de montrer
l'émergence de formes de construction, de communication et de
transport dans les villes, dont le XXe siècle a pu seul
mesurer la portée politique, en même temps qu'elles lui
servent à dégager, au commencement même de ces
techniques de masse, une fragile aspiration utopique et une promesse
oubliée de liberté. C'est cette ambivalence qui fait
des « Passages », même sous leur forme
fragmentaire, un extraordinaire hommage critique au Paris du XIXe
siècle, à son architecture et à ses écrivains.