Fiction, espace et genre
Espaces urbains et autres
dans la fiction canadienne au féminin
Au cours des
décennies passées, les approches théoriques
d'Henri Lefèbvre, de Michel Foucault ou d'Edward Soja ont
souligné que l'espace serait loin d'être déterminé
par sa simple matérialité. L'espace serait, au
contraire, le résultat de pratiques sociales, d'idéologies
et d'hégémonies. L'espace ne précèderait
ni les relations sociales ni les ordres symboliques mais résulterait
de leurs discours et, par conséquent, devrait être
entendu comme une sphère de différences multiples. À
côté de catégories comme « race » ou
« classe », celle du « genre » représenterait
donc un aspect-clé dans toute analyse de la façon dont
les différentes cultures codent les espaces sur un plan
symbolique et dont elles organisent ou encore divisent les espaces
urbains, ruraux et autres.
La section Études des femmes et
du genre de l'Association d'études canadiennes dans les pays
germanophones et le Centre d'études canadiennes de
l'Université d'Innsbruck organisent un colloque de deux jours
portant sur la relation entre espace et genre dans la fiction
canadienne au féminin.
Ce colloque tiendra compte à la
fois d'approches et de textes francophones et anglophones. Les
chercheurs des deux disciplines sont invités à
participer à cette rencontre bilingue. L'accent sera mis sur
la fiction urbaine, premièrement parce que les textes
d'écrivaines affiliés à ce genre ont souvent été
interprétés de travers et marginalisés sur le
marché littéraire. Deuxièmement parce que la
fiction urbaine met en évidence à la fois les
différences internationales entre le Canada et les Etats-Unis
et celles, nationales, entre les « deux solitudes » du
Canada. Malgré le fait que le Canada soit aussi urbanisé
que son voisin du sud, la ville n'a joué qu'un rôle
mineur dans la littérature et la culture anglo-canadienne. En
cela, la littérature anglo-canadienne se distingue
foncièrement de celle du Québec où, dès
le début du 20e siècle, la ville figure au centre de la
discussion identitaire.
Un des objectifs du colloque sera de
démontrer comment les écrivaines ont élaboré
le thème de l'espace urbain et dans un contexte individuel et
dans un contexte collectif, culturel et national, si leurs approches
ou visions de l'espace urbain incorporent les paramètres
génériques de la fiction urbaine ou dans quelle mesure
leurs textes empruntent de nouvelles voies.
À ce sujet, plusieurs questions s'imposent : comment ces écrivaines ont-elles utilisé, changé ou subverti à la fois le mythe de l'espace urbain et les structures dichotomiques « privé-public », « urbain-rural », « même-autre », « sujet-objet », « homme-femme », « hétérosexuel-homosexuel » ? Comment ont-elles manié les tropes, les topoï, les thèmes, bref tout l'éventail des caractéristiques propres à la fiction urbaine ? Comment et par quelles stratégies narratives ont-elles élargi et renouvelé la fiction urbaine ? L'espace urbain se définissant en opposition à d'autres espaces, il s'agira également de relever des contre-espaces, à savoir les espaces ruraux ou même pastoraux, étrangers ou fantastiques, et de définir leur portée symbolique, culturelle et identitaire dans les deux littératures.
Nous vous invitons à soumettre des propositions de communication relatives aux sujets indiqués plus haut. Veuillez, s.v.p., envoyer un résumé d'environ 300 mots avant le 1er avril à Dr. Doris Eibl et à Dr. Caroline Rosenthal.
Doris.G.Eibl@uibk.ac.at
Caroline.Rosenthal@uni-konstanz.de
ESPACE ET GENRE
23 – 24
NOVEMBER/NOVEMBRE 2007
UNIVERSITÉ D'INNSBRUCK
(Austria/Autriche)